A L'HISTOIRE DE FRANCE, [i5^2]                   j5
qu'il deffendit vaillamment contre l'effort de l'armée catholique, prit congé de l'admirai de se retirer en sa maison; auquel l'admirai demanda pourquoy c'est qu'il vouloit s'en aller? « Pour ce, monsieur, répondit - il, « qu'on ne vous veut pas de bien icy. Comment, « dit l'admirai, l'entendés-vous? croyez que nous avons « un bon Roy. — II nous est trop bon, dit-il; c'est « pourquoy j'ai envie de m'en aller : et si vous en fai­ce siez de même comme moy, vous feriez beaucoup pour « vous et pour nous. » Et ne fut jamais possible de l'arrester : dont il se trouva très-bien.
Le lendemain de Saint-Barthélemy environ midy, on vit un aubespin au cimetiere Saint-Innocent. Si-tost que le bruit en fut répandu par la ville, le peuple y accourut de toutes parts en si grande foule, qu'il fallut y poser des gardes à l'entour : on commença aussy à crier miracle, et à sonner et carillonner les cloches de joye. Le peuple mutiné, croyant que Dieu par ce signe aprouvât les massacres, recommença de plus belle sur les huguenots; et s'en allant au logis de l'admirai après avoir coupé Ie nez, les oreilles et parties honteuses à ce pauvre corps, le traina furieusement à la voirie; et parce qu'il y avoit tout plein de catholiques qui inter-pretoient le reverdissement de .'aubespin pour le rever­dissement de l'Etat de France, et en brouilloient le papier, un méchant huguenot composa des epigrames, ne pouvant faire pis.
JEterni Christus sabotés «tenta parentis,
Im aruoe pro nobis spinea sert» Udit, Quas cum ParrjrsiiuMsorum nuper in urhe
Christiadum rursus sanguine sparsaforent, Emisere suos alieno tempore flores.
Bine, quam foxunétt nt «mor itte, nota !
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